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lit

...

la nuit quand il pleut,
j'ouvre les fenêtres,
et je laisse entrer la pluie.

les plocs plocs
et le ruissellement des gouttières
bouchées par les feuilles mortes

l'air frais
l'odeur du noir

quand il pleut la nuit est calme.
les gouttes sont-elles des larmes ?

dans le lit,
j'ai allumé le tel,
et j'ai vu l'explosion d'une voiture.

les morceaux de métal
volaient en boucle dans mes mains.

je voulais me dire
que je ne l'avais pas voulu.
que c'était apparu comme ça entre mes doigts
que la violence arrivait dans mes yeux
sans les gestes,
sans les choix.

la gesticulation morbide du pouce et des pupilles.
l'index, le majeur, l'annulaire
qui s'aggripent au tel trop grand.
l'auriculaire
qui sert d'appui.
la joue droite écrabouillée dans le creux du coude.
une petite larme salée qui coule dans les plis.

et la fumée,
et le métal,
et le silence à l'infini.

dans le lit toujours
je revois les images des guerres
plus dans le tel
plus dans les mains

dans le brouillard des paupières
fermées qui cherchent le sommeil

les yeux ne veulent pas oublier.
le cœur non plus,
différemment.